Comprendre les difficultés majeures
Comme toutes les langues, le chinois est spécifique dans sa prononciation, son écriture et sa grammaire. Les spécificités peuvent paraître difficiles quand elles présentent peu de similitudes par rapport à la langue maternelle des apprenants. Il est donc important de savoir pourquoi le chinois est difficile avant de comprendre l’utilité d’une méthode.
1. Difficulté phonétique
La ressemblance et les faux-amis sont les deux difficultés les plus importantes de la prononciation, auxquelles doit s'ajouter encore la difficulté liée au nombre important des homonymes.
Pour entendre une prononciation, cliquer sur le pinyin (alphabet latinisé) ou le traduction en français.
Ressemblance des voyelles et des consonnes
又yòuune fois de +
,
要yàosouhaiter ou vouloir
做zuòfaire
,
错cuòerroné ou erreur
Ressemblance des intonations
通tōngtraverser
,
同tóngmême
,
桶tǒngseau
,
痛tòngdouleur
Consonnes faux-amis
看kànregarder
,
干gànfaire
汤tāngsoupe
,
当dāngface à
De nombreux homonymes à l'oral
En Chine, un(e) collégien(ne) maîtrise 3000 caractères environ et un(e) lycéen(ne) entre 4000 et 5000. Chaque caractère se prononce avec une consonne et une voyelle.
Le chinois possède une vingtaine de consonnes et un peu plus de vingt voyelles, et le nombre de combinaisons réelles est de 420 environ. En répartissant les quatre intonations à chaque combinaison, on arrive aux alentours de 1500 prononciations différentes et existantes. Par rapport au niveau collégien on obtient en moyenne deux caractères différents par prononciation. C'est le phénomène des homonymes. En réalité cette répartition dépend fortement de la combinaison.
Le pinyin transpose la prononciation chinoise sous une forme latinisée (alphabet latin). Il ne permet pas de différencier les homonymes.
是shìêtre (qqn ou qqch)
,
事shìaffaire
,
市shìville
,
试shìtest(er)
,
世shìmonde
,
式shìforme
,
室shìsalle
,
士shìpersonne
,
视shìregarder
,
示shìexposer
,
适shìconvenable
,
势shìpotentialité
,
誓shìserment
, etc
Le nombre des homonymes (vrais et faux) augmente de manière exponentielle pour celles et ceux qui différencient mal les prononciations semblables ainsi que les intonations.
2. Difficulté de l'écriture
Pour ne pas être gêné par les homonymes et par les sons similaires en général, il est nécessaire d'apprendre les caractères (l'écriture chinoise et non pas le pinyin sa transposition phonétique). Cela demande un entraînement constant et régulier.
La non maîtrise de l’écrit limite fortement à l’oral le vocabulaire à l’émission et la capacité de compréhension à la réception.
3. Difficulté de la grammaire
En chinois il n'y a pas de conjugaisons, de genres ou d'accords. En contrepartie de cette simplicité apparente, le sens des phrases est déterminé par l’ordre avec lequel les mots sont placés. Cela nécessite une réflexion "contre-nature" par rapport au français avant de faire une phrase.
我和老师学中文。
J'apprends le chinois avec le prof.
我wǒje
和hés'accompagner de
老lǎorespectueux
师shīmaître
学xuéapprendre
中zhōngChine (abrév.)
文wénécrit
我们都没喝酒。
Aucun d'entre nous n'a pris de l'alcool.
我wǒje
们ménpluriel
都dōutout
没méine pas
喝hēboire
酒jiǔalcool
4. Difficulté globale à l'oral
Face aux difficultés liées aux ressemblances, aux homonymes et à l'ordre des mots "contre-nature", il devient difficile d'identifier chaque mot dans une phrase à l'oral. Il est vrai que beaucoup de mots sont composés de deux caractères ou plus et que leurs homonymes sont quasiment inexistants. Mais ils se prononcent toujours caractère par caractère et le problème des homonymes et des ressemblances reste donc entier à l'oral.
Causes des échecs d'apprentissage
Force est de constater que de nombreux apprenants, n'étant pas en situation d'immersion linguistique, se heurtent à d'immenses difficultés à l'oral sans possibilité de progresser, à tel point que la motivation initiale tombe presque à zéro après une courte période d'apprentissage. La raison principale à cela est qu'ils ont beaucoup de mal à trouver un automatisme à l'oral.
La cause de l'échec est souvent dans la méthode. On adopte volontiers une approche centrée sur la prononciation en faisant l’impasse sur l'écriture et la grammaire, la première étant trop difficile ou inutile car sans usage pratique et la seconde considérée comme inexistante ou trop exotique pour y prêter une attention.
La conséquence de cette approche est que la sonorité phonétique est entièrement déconnectée d'une mémoire visuelle (l'écriture) et d'une construction grammaticale (l'ordre des mots). A partir des sons abstraits il est quasiment impossible de les organiser en mots pour former des phrases.
Certes, certains apprenants ont un objectif bien modeste, celui de parler un chinois basique. Cette simplicité se mesure au vocabulaire et elle ne doit pas être au détriment des règles grammaticales. Celles-ci sont d'autant plus importantes qu'elles règnent dans tous dialogues, aussi basiques soient-ils.
Méthode par mots structurants
C'est une méthode qui vise la prononciation, l'écriture et la grammaire en même temps. Elle permet une maîtrise totale des règles grammaticales du chinois avec un nombre limité de mots. Il s'agit de partir des mots structurants (qui ont une forte fréquence d'apparition et structurent les phrases) pour mettre en place un automatisme. Celui-ci est basé sur des fragments et non pas sur des phrases entières, parce que les fragments sont beaucoup plus faciles à mémoriser et à employer que les phrases toutes faites.
Pour chaque mot structurant, il faut maîtriser :
son écriture pour avoir une mémoire visuelle solide
sa prononciation pour pouvoir l'émettre et l'identifier à la réception
ses usages pour comprendre les règles grammaticales (le temps, le lieu, la temporalité, la comparaison, l'interrogation, l'affirmation, la conjonction, etc).
C'est une méthode globale qui permet l'acquisition d'un automatisme à l'oral et d'une base solide pour aller plus loin.